Vous voulez savoir comment réussir une synthèse du DALF C1 ? Alors, suivez le guide !
La synthèse peut paraître ennuyeuse à première vue… Comme souvent, la préparation d’un examen fait oublier l’importance de l’exercice dans la « vraie vie ». Mais en réalité ce n’est pas seulement un exercice académique. Il fait travailler le relevé d’informations pertinentes, la reformulation et la prise de décision (c’est généralement la finalité d’une synthèse). Bref, des procédures qui serviront dans beaucoup de contextes différents, dans le travail ou les études.
Qu’est-ce que la synthèse du DALF C1 ?
La synthèse constitue la première partie de l’épreuve de production écrite du DALF C1. Je vous invite à consulter une présentation détaillée si vous ne la connaissez pas encore. Vous pourrez également découvrir un modèle pour la deuxième partie de l’épreuve : l’essai argumenté.
En bref, le candidat doit rédiger, dans un texte de 200 à 240 mots, la synthèse de 2 ou 3 documents, en général des articles de presse d’une longueur totale de 1000 mots environ. Le temps recommandé pour cet exercice est de 1H30 environ.
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler une évidence : la synthèse est un double exercice de lecture et d’écriture. Sans compréhension des documents, pas de rédaction possible. C’est un choix qui m’a toujours paru bizarre pour une épreuve destinée à évaluer la production écrite, mais c’est ainsi. La synthèse du DALF C1 exige d’abord des compétences en compréhension : comment explorer un texte, repérer son organisation, relever les informations essentielles, etc. Si elles vous posent encore trop de difficultés, alors il vaudrait mieux commencer par là, en regardant par exemple cette vidéo qui porte sur la compréhension écrite du DELF B2.
Ensuite, vous verrez que la méthodologie pour élaborer la synthèse du DALF C1 n’est pas très difficile en elle-même. C’est une série de procédures à suivre, qui deviennent automatiques avec un peu d’entraînement. C’est surtout un ensemble de contraintes à respecter absolument : ne pas dépasser la longueur imposée, ne pas ajouter d’opinions personnelles, etc.
Rappelons également avant de passer au modèle que, suite à l’évolution du DALF appliquée depuis mars 2020, tous les candidats passent les mêmes sujets, sur des thèmes tirés de l’actualité.
Comment réussir une synthèse du DALF C1
Suivant une méthode pédagogique dite explicite, je vous invite à observer « en direct » un modèle de synthèse pour le DALF C1. Plus concrètement, je vais produire un texte en 3 grandes étapes : Planifier – Rédiger – Réviser. En même temps, j’expliquerai le plus précisément possible ce que je fais et pourquoi je le fais. Cela vous permettra de découvrir, pas à pas, la méthodologie à suivre pour réussir l’épreuve.
Bien entendu, cette méthodologie n’est pas la seule possible. Elle n’est pas parfaite, c’est seulement la mienne, qui découle de mon expérience d’enseignant et d’examinateur. La meilleure méthodologie, ce sera toujours… la vôtre ! À vous de la développer personnellement, à force d’essais et d’erreurs, sans jamais oublier les consignes de l’examen bien sûr. Dans mon exemple, vous verrez que j’essaie toujours de justifier mes choix. Cela pourra vous aider à adopter les techniques qui vous conviennent le mieux.
La meilleure méthodologie, ce sera toujours la vôtre ! À vous de la développer personnellement, à force d’essais et d’erreurs
Voici donc le sujet, qui comprend la consigne et les documents.
Vous faites une synthèse des documents proposés.
Pour cela, vous dégagez les idées et les informations essentielles qu’ils contiennent, vous les regroupez et les classez en fonction du thème commun à tous ces documents, et vous les présentez avec vos propres mots, sous forme d’un nouveau texte suivi et cohérent.
Attention :
– vous devez rédiger un texte unique en suivant un ordre qui vous est propre, et non mettre deux résumés bout à bout ;
– vous ne devez pas introduire d’autres idées ou informations que celles qui se trouvent dans les documents, ni faire de commentaires personnels ;
– vous pouvez bien entendu réutiliser les « mots-clefs » des documents, mais non des phrases ou des passages entiers.
200 à 240 mots
Règle de décompte des mots : est considéré comme mot tout ensemble de signes placé entre deux espaces : « c’est-à-dire » = 1 mot ; « un bon sujet » = 3 mots ; « je ne l’ai pas vu depuis avant-hier » = 7 mots
Attention, le respect de la consigne de longueur fait partie intégrante de l’exercice (fourchette acceptable donnée par la consigne). Dans le cas où la fourchette ne serait pas respectée, on appliquera une correction négative : 1 point de moins par tranche de 20 mots en plus ou en moins
L’accent, handicap invisible : des linguistes dénoncent la « glottophobie »
« Il va falloir changer d’accent, essaie de faire plus Parisien ». Ces propos ont été lancés par un professeur à Cédric, étudiant toulousain. Il affirme avoir été « un peu mis à l’écart » à la faculté du Mirail, « à cause de [son] accent du sud-ouest » très prononcé. Il déplore une « attitude abjecte », le « prenait mal », mais arrive désormais à « passer outre ». Le sociolinguiste Philippe Blanchet, enseignant à l’université Rennes-II, recense les refus d’embauche liés à cette discrimination. L’inventeur du concept de glottophobie ne souhaite pas surestimer ce problème, mais considère qu’il peut constituer un frein dans l’accès à certains postes, surtout ceux dans le relationnel et la communication. Alors que le Premier ministre Jean Castex, d’origine gersoise, est raillé pour sa prononciation, La Dépêche a interrogé des spécialistes de la question.
Les clichés sur les accents ont la vie dure, et sont inhérents à l’histoire française. « On a eu un mouvement centralisateur, avec l’unilinguisme comme base, et visant à gommer les langues et particularités régionales » affirme Maria Candea, sociolinguiste à l’université Sorbonne-Nouvelle. De cette centralisation naît une norme linguistique « imposée par Paris, le centre du pouvoir », selon Médéric Gasquet-Cyrus, linguiste et maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille.
Si on ne parle pas de façon normée, il est dès lors difficile de rentrer dans la norme établie. « Dans les métiers où la parole est importante, il y a des personnes discriminées pour leurs accents » note l’universitaire. Les linguistes, fervents défenseurs de la diversité des langues, se désolent qu’un marqueur social et identitaire puisse devenir un handicap. « J’ai de nombreux témoignages d’individus à qui on a refusé un métier de parole, avec comme motif invoqué, l’accent » confie le sociolinguiste Philippe Blanchet.
Aussi, il ajoute que « près de 20% de la population dit avoir été discriminée » pour cette raison. L’accent est vecteur de préjugés en tout genre, détaillés par Médéric Gasquet-Cyrus : « Le Ch’ti va renvoyer à une personne populaire, le Corse à la roublardise, et l’accent du sud à une personne joviale, mais dénuée de sérieux » déclare-t-il. Une fatalité qui colle à la peau des discriminés, mais qui n’est pas insurmontable.
À en croire le linguiste Médéric Gasquet-Cyrus, gommer son accent est une fausse bonne idée. « Beaucoup de gens font face à ce dilemme et prennent des positions différentes. En changeant sa manière de parler, on peut se sentir mal à l’aise, puis l’accent peut revenir de manière inopinée. Parfois, il y a un sentiment de déchirement et de trahison qui fait surface en abandonnant sa prononciation » confie-t-il. Maria Candea souhaiterait quant à elle qu’on apprenne aux individus à « jongler » entre les accents, plutôt que de les abandonner. « En fonction de mon environnement, j’ai des prononciations différentes. Je ne vais pas avoir le même accent au Stade Vélodrome que lorsque j’enseigne à l’université » acquiesce Médéric Gasquet-Cyrus.
Sacha Tisic, La Dépêche, 12/07/2020
Vous avez dit glottophobie mais avec quel accent ?
[
Ignorée, la glottophobie peut se révéler douloureuse lorsqu’on la subit. Le premier sondage de l’ifop consacré à ce sujet le montre clairement. La moitié des Français avouent une diction régionale « un peu », « assez » ou « très marquée ». Les ouvriers plus que les cadres : 57 % des premiers, 41 % des seconds. Les habitants du Nord-Pas-de Calais (84 %), de Midi-Pyrénées (83 %) et de Franche-Comté (78 %), bien davantage que ceux du Centre-Val de Loire (21%), des Pays de la Loire (23 %), de Poitou-Charentes (25%) et de Bretagne (31%). 84% en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce qui est surprenant au premier abord.
« Il s’agit d’un territoire qui attire beaucoup d’“immigrés de l’intérieur” », analyse Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop. Sur les 33 millions de Français ayant conservé des intonations de leur terroir, 27 % essuient des moqueries, « souvent » ou « de temps en temps », dans leur vie quotidienne. Ce pourcentage grimpe à 60 % chez les tenants des prononciations les plus typées. Dans leur environnement professionnel, ils ne sont pas toujours épargnés : 16% des sondés disent avoir été victimes de discriminations lors d’un concours, d’un examen ou d’un entretien d’embauche. La discrimination professionnelle par l’accent touche plutôt les hommes (20%), les moins de 35 ans (27%) et les cadres (36%). « À l’embauche, elle est assumée par les employeurs qui la trouvent parfaitement justifiée, comme s’il existait une bonne façon de parler le français et des mauvaises », s’insurgent les auteurs.
Des interviews réalisées pour le livre confirment les résultats de l’enquête sur laquelle se sont appuyés les auteurs, les éditions Michel Lafon et Mag’Centre. La Berrichonne Patricia Darré attribue la disparition des accents régionaux à l’envahissement de celui « orthodoxe et conforme », distillé par les radios et les télés qui répandent dans tout le pays celui que pratiquent les sphères de pouvoir.
Certes, mais les accents qui parlent autant que les mots des langues régionales ont la vie dure et le livre en est la preuve. Leurs défenseurs sont nombreux. Le succès du musicien auteur-compositeur-interprète, Alan Stivell qui a exporté le Breton jusqu’aux États-Unis en est la parfaite illustration. L’ancien directeur du Tour de France Jean-Marie Leblanc démontre avec passion quelle perte ce serait si on envoyait aux oubliettes ce lien si profond et instinctif par lequel on se reconnait être entre soi. Le député (LREM) de l’Hérault Christophe Euzet, juriste mi-sétois, mi-catalan, a déposé une proposition de loi « visant à promouvoir la France des accents avec pour objectif d’inscrire ces particularismes de diction sur la liste des fondements de la discrimination, dans le Code pénal et dans celui du travail ». […]
Françoise Cariès, Mag’Centre, 10/06/2020
Étape 1 : je planifie mon texte (de 40 à 50 minutes)
Cette grande étape comprend toutes les opérations qui vont amener à établir le plan détaillé de la synthèse.
Personnellement, je ne fais aucune notation directement sur les textes. Je prends des notes sur un brouillon, de préférence dans un tableau (voir section 1.2.), toujours avec mes propres mots, sans recopier des phrases. C’est pour une raison très simple : le but d’une synthèse est de s’éloigner petit à petit des documents afin de produire un nouveau texte. Si je souligne des phrases ou note des idées sur les documents, je devrai souvent y retourner pour relire, ce qui gêne la prise de distance et la reformulation des idées.
Le but d’une synthèse est de s’éloigner petit à petit des documents afin de produire un nouveau texte
1.1. Je fais une lecture globale des documents
Il s’agit de faire une lecture globale pour comprendre le sens général des articles, repérer leur organisation et trouver une problématique. Une problématique, c’est-à-dire une question à laquelle va répondre la synthèse.
Pour cela, je commence par explorer les textes (titres, sources, variations typographiques…), puis je fais 1 ou 2 lectures rapides pour répondre aux questions suivantes.
Surtout, je ne bloque pas sur les mots nouveaux, je les passe sans hésitation pour rester concentré sur le sens général.
Quel est le problème ?
Le problème posé par ces 2 documents est la glottophobie, c’est-à-dire un type de discrimination qui porte sur l’accent. Des personnes en France sont en effet montrées du doigt, voire rejetées (notamment dans le monde du travail) parce qu’elles ont une manière de parler qui est jugée non standard, trop écartée de la norme. On peut constater que le terme de glottophobie n’est pas très courant pour les lecteurs français eux-mêmes, puisque les 2 articles doivent commencer par le définir. La synthèse devrait donc inclure une définition du terme.
Quelles sont les sources ?
Le 1er document est publié dans le journal La Dépêche du 12/07/2020 et le deuxième dans le magazine Mag’Centre du 10/06/2020. Ce sont donc 2 articles de presse qui sont rapprochés dans le temps. C’est important pour ma synthèse : les faits rapportés dans les 2 textes se situent dans la même période, il y a peu de risque d’évolution entre les 2 articles.
Quelles sont les circonstances de publication ?
Un article de presse est toujours écrit pour une certaine occasion. La repérer va aider à comprendre l’intention générale du texte, mais aussi son organisation.
Dans le document 1, je repère la phrase suivante : « Alors que le Premier ministre Jean Castex, d’origine gersoise, est raillé pour sa prononciation, La Dépêche a interrogé des spécialistes de la question. » En effet, début juillet 2020, Jean Castex est nommé chef du gouvernement français. Lors de son premier discours, certains glottophobes se sont moqués de son accent qui lui vient de son département natal, le Gers (Sud-Ouest de la France), ce qui a eu pour effet de relancer le débat dans l’Hexagone. Le journaliste a alors choisi de demander l’avis de spécialistes, d’où les nombreuses citations tout au long du texte.
Dans le document 2, je repère d’abord la photo d’une couverture de livre. Mais je relève également ces 2 phrases : « Le premier sondage de l’Ifop consacré à ce sujet le montre clairement. » ainsi que « Des interviews réalisées pour le livre confirment les résultats de l’enquête. » L’article est donc écrit pour une double occasion. D’une part, c’est la parution d’une enquête sur la glottophobie conduite par l’Ifop (Institut français d’opinion publique), qui est une entreprise de sondage très connue en France. Cela explique le nombre important de pourcentages dans le texte. D’autre part, la journaliste met en relation le sondage avec un livre déjà paru (en mars 2020, pour information) sur le même sujet : J’ai un accent, et alors ?
Quelles sont les intentions ?
Le document 1 est surtout de type argumentatif et suit un déroulement facile à repérer. Son intention est de dénoncer la glottophobie. Pour cela, il cite les propos de différents spécialistes interrogés, sans intervention personnelle de l’auteur, pour poser le problème d’abord (paragraphe 1), ensuite pour expliquer les causes (paragraphe 2) et les conséquences (paragraphes 3 et 4) de ce type de discrimination. Enfin, il présente certaines solutions (paragraphe 5).
Le document 2 est surtout informatif, puisqu’il a pour intention de rapporter les résultats d’un sondage. On y apprend logiquement la proportion des victimes (paragraphe 2) et les principaux domaines où s’exercent les discriminations (paragraphe 3). Mais, il rapporte également des interviews publiées dans un ouvrage pour tenter d’expliquer ce problème d’une part (paragraphe 4) et pour donner des exemples de défenseurs des accents régionaux d’autre part (paragraphe 5).
Un rapide comparatif me permet de constater que :
- Les 2 articles se complètent sur certains aspects. Le 2e document pourra apporter des faits (résultats de sondage) aux opinions exposées dans le premier.
- Les 2 articles se ressemblent sur un point : en évoquant des faits, des causes et des solutions, ils suivent tous les deux, bien que différemment, une démarche de résolution de problème.
Très intéressant pour le plan ! Ce ne sera pas le cas pour chaque synthèse, naturellement. À vous de repérer à chaque fois, de façon globale à cet instant de l’exercice, les points communs et les différences dans la nature des documents.
Quelle problématique vais-je choisir ?
La problématique doit prendre la forme d’une question (directe ou indirecte). C’est elle qui formule l’intention de la synthèse. Tout le texte devra répondre à cette question.
Puisque les 2 articles évoquent un problème et des solutions, je choisirai cette problématique : comment lutter contre la glottophobie ?
À ce stade de l’exercice, la problématique est encore provisoire. La lecture approfondie des documents pourra amener à choisir une meilleure problématique. Il faudra la confirmer au moment de préparer le plan détaillé de la synthèse.
1.2. Je relève les idées essentielles
Entrons maintenant dans le détail des textes pour y relever les idées essentielles. Rappelons d’abord des points importants pour la compréhension :
- Une idée essentielle est une idée importante pour la cohérence générale et qui apporte une nouvelle information dans le déroulement du texte ;
- Une idée secondaire est une idée qui développe une idée essentielle, en lui apportant des compléments d’information ;
- Les idées essentielles sont généralement structurées en paragraphes qui mettent en évidence leur progression ;
- L’idée essentielle est souvent exposée au début, puis développée dans le reste du paragraphe, même si on rencontre fréquemment d’autres structures.
Je vais donc faire une lecture détaillée de chaque texte, paragraphe par paragraphe, et noter uniquement les idées essentielles (IE) et les idées secondaires (IS). Les idées ne seront pas toujours formulées explicitement. Elles pourront prendre la forme de citations, d’une série de chiffres, d’un cas exemplaire, etc. Mais il convient dans tous les cas de noter le sens de l’idée, pas sa forme. Je vais également marquer les mots-clés (en gras dans le tableau ci-dessous) dont je me servirai au moment de la rédaction du texte (étape 2). Attention, dans l’exercice de synthèse, le terme de mot-clé prend un sens particulier. Il désigne bien sûr un mot indispensable pour la compréhension du texte, mais surtout un mot qui doit être réemployé pour la clarté et la précision de la synthèse, car il ne peut pas être remplacé par un autre. Dans notre exemple de sujet, ce seront des mots comme glottophobie, accent, discrimination…
Dans ce type d’exercice, un mot-clé est un mot qui doit être réemployé pour la clarté et la précision de la synthèse, car il ne peut pas être remplacé par un autre
Personnellement, je préfère noter les idées dans un tableau en les reformulant directement avec mes propres mots, sous forme de notes pour aller plus vite. Bien sûr, pour des notes personnelles j’utiliserai des abréviations (par exemple ling. au lieu de linguistique). De plus, je choisis une prise de notes linéaire, paragraphe après paragraphe. Cela met en évidence la progression de chaque texte et permet de retrouver rapidement une idée que je pourrais avoir besoin de relire.
Voici un exemple de prise de notes sous forme de tableau linéaire, qui suit l’ordre de chaque document, paragraphe (P) par paragraphe.
Document 1 | Document 2 | |
---|---|---|
P1 | Phénomène de glottophobie constaté en France (IE) : discriminations au travail selon créateur du terme (IS) | Qu’est-ce que la glottophobie ? (IE) : néologisme du sociolinguiste Philippe Blanchet (IS1) + discrimination linguistique prend formes variées (IS2) |
P2 | Discrimination par l’accent a causes historiques (IE) : centralisation a imposé unilinguisme (IS1) + capitale fixe norme linguistique (IS2) | Sondage Ifop révèle moitié des Français concernés (IE) : ouvriers plus que cadres (IS1) + fortes disparités régionales (IS2) |
P3 | Accent perçu comme écart à norme linguistique (IE) : obstacle à l’embauche (IS1) + surtout dans le secteur de la communication (IS2) | Discriminations très répandues (IE) : au quotidien (IS1) + dans vie professionnelle où jugées normales (IS2) |
P4 | Stéréotypes associent accents et traits de caractère (IE) : stigmatisation tenace (IS1) + mais pas insoluble (IS2) | Uniformisation soutenue par médias audiovisuels relais des dirigeants (IE) |
P5 | Solutions adoptées varient (IE) : dissimuler son accent mais source de mal-être (IS1) + adapter sa prononciation aux différents contextes (IS2) | Mais résistance des accents régionaux (IE) : défendus par personnalités (IS1) + Proposition de loi déposée par député Christophe Euzet visant promotion des accents et pénalisation de la glottophobie (IS2) |
Reformuler directement dans le tableau me fera gagner beaucoup de temps à l’étape de rédaction. Je modifierai sans doute certaines formulations pendant l’écriture du texte. En revanche, je réutiliserai les mots-clés que j’ai mis en évidence.
Après avoir complété le tableau, une rapide lecture verticale (document par document, paragraphe par paragraphe) est très utile pour vérifier la cohérence de mes notes. Est-ce que les idées s’enchaînent logiquement ? Est-ce qu’elles sont clairement exprimées ? En cas de doute, je retrouve facilement le paragraphe dans l’article et je le relis.
1.3. Je compare les idées des documents
Après avoir compris et reformulé les idées importantes, j’en arrive à l’opération qui est la plus spécifique de la synthèse, et sans doute la plus importante à travailler : le comparatif des informations.
Il s’agit de faire une lecture horizontale, transversale, des informations relevées pour analyser leurs points communs et leurs différences. Plus concrètement, il faudra déterminer comment les idées :
- se répètent
- se complètent
- s’opposent
- se nuancent
Logiquement, je vais commencer par traiter les idées essentielles qui vont me permettre de fixer la structure générale de mon plan. Je note directement dans le tableau en utilisant un code personnel : → pour relier les idées, ≠ pour marquer une opposition, ∼ pour marquer une nuance, etc.
Dans notre exemple de sujet, nous pouvons observer que :
- Les paragraphes 1 (P1) des 2 documents ont pour rôle d’introduire le nouveau terme de glottophobie. La définition pourrait trouver sa place dans l’introduction de la synthèse.
- Les 2 P3 et le P4 du doc 1 se complètent sur l’importance des discriminations par l’accent en France, aussi bien dans la vie quotidienne (moqueries) que dans la vie professionnelle (handicap à l’embauche).
- Le P2 du doc 1 et le P4 du doc 2 se complètent dans l’exposé des causes : aux circonstances historiques s’ajoutent le rôle actuel des médias.
- Les 2 P5 se complètent sur l’exposé des solutions, mais avec une nuance importante : dans le premier document, on voit des stratégies d’évitement (on apprend à vivre avec la glottophobie), dans le deuxième on cherche des moyens de résister aux discriminations linguistiques. Je tâcherai dans ma synthèse de la mettre en évidence, mais en faisant attention de ne pas ajouter de commentaire personnel.
Ce comparatif confirme mon impression à la lecture globale des documents (étape 1.1) : un plan de type résolution de problème serait un bon choix pour ma synthèse. Je maintiens donc cette problématique : comment lutter contre la glottophobie ?
1.4. Je prépare un plan détaillé
Un plan détaillé comportant toutes les idées essentielles et secondaires est indispensable avant de passer à la rédaction (étape 2). En effet, vous n’aurez pas le temps de rédiger votre texte sur un brouillon pour ajouter ou retirer des idées quand vous le souhaitez. D’autre part, une synthèse doit obligatoirement respecter un plan :
- qui ne suit pas l’ordre des documents sources ;
- qui contient toutes les idées importantes des documents sources ;
- qui n’ajoute aucune idée personnelle ;
- qui suit un déroulement logique en vue de répondre à la problématique ;
- qui est structuré en 2 ou 3 parties de longueur à peu près équivalentes.
Pour la synthèse du DALF C1, le choix du plan est libre, mais il est tout à fait possible de suivre ou d’adapter des plans « classiques », comme le plan dialectique, le plan par aspects, le plan par résolution de problème, etc.
Pour la synthèse du DALF C1, le choix du plan est libre, mais il est tout à fait possible de suivre ou d’adapter des plans « classiques »
Voici donc un exemple de plan de type résolution de problème, encore appelé plan analytique.
J’écris mon plan sous forme de notes suffisamment claires et détaillées pour la rédaction, mais sans jamais écrire de phrases complètes qui me feraient perdre trop de temps.
I. Ampleur du phénomène
- Selon sondage Ifop, touche 50% de la population française : ouvriers plus que cadres ; fortes disparités régionales
- Écart à la norme linguistique entraîne moqueries au quotidien (stéréotypes sur comportements) et obstacles à l’embauche (surtout dans les métiers de la communication) où discrimination jugée normale
II. Causes de la glottophobie
- Causes historiques : centralisation a imposé unilinguisme + Paris fixe norme linguistique
- Uniformisation soutenue par médias audiovisuels relais des dirigeants
III. Solutions
Stigmatisation tenace, mais pas insoluble. 2 types de réponses très différents.
- Vivre avec : dissimuler son accent mais source de mal-être + adapter sa prononciation aux différents contextes
- Résister : accents défendus par personnalités + proposition de loi déposée par député Christophe Euzet visant promotion des accents et pénalisation de la glottophobie.
Mon plan terminé, je vérifie qu’aucune idée importante n’a été oubliée avant de passer à la rédaction.
Étape 2 : je rédige le texte (de 30 à 40 minutes)
Que doit contenir une synthèse ?
Il n’y a pas de forme stricte à respecter et vous remarquerez souvent des différences entre les modèles, que ce soit dans les livres de préparation au DALF C1 ou sur les sites Internet. Alors faisons simple : quelle qualité est la plus importante aux yeux des examinateurs ? La clarté, sans aucun doute ! C’est pourquoi la synthèse devra obligatoirement comporter :
Il n’est pas obligatoire de mettre un titre à la synthèse. La conclusion n’est pas vraiment conseillée sur un format de texte aussi court. Si vous souhaitez en rédiger une, contentez-vous de répondre en une phrase à la problématique posée.
Quelles sont les règles à respecter ?
En reformulant directement les idées essentielles dans le tableau, comme nous l’avons vu dans l’étape 1.2, je n’ai plus besoin de relire les textes au moment de la rédaction, sauf pour d’éventuelles vérifications. La « tentation » de recopier des passages n’est donc plus à craindre !
Je peux maintenant rédiger la synthèse, directement sur la copie du candidat, en préparant mentalement mes phrases pour éviter les erreurs.
2.1. Je rédige l’introduction
Pour des raisons de clarté, l’introduction devra comporter obligatoirement :
Pour la présentation du thème, il est possible d’utiliser des expressions comme « Ces documents traitent du phénomène de la glottophobie… »
Si vous le souhaitez, vous pourrez également exposer les sources (auteur, titre…) et annoncer le plan brièvement, en une phrase. Attention à ne pas utiliser les personnes je et nous.
Dans notre exemple de sujet, je présenterai donc le thème par la définition du néologisme glottophobie, puis j’exposerai la problématique sous forme de question directe ou indirecte.
2.2. Je rédige le développement
Toujours pour des raisons de clarté, je pense à bien séparer les différentes parties. Si nécessaire, je commence une partie par une phrase de transition qui marque la progression du plan. D’autre part, je développe chaque idée essentielle dans un paragraphe.
J’utilise des connecteurs seulement lorsqu’ils sont nécessaires pour la clarté de mon texte. Certes, dans un examen de niveau C1, il est bon de montrer que je maîtrise une grande gamme de connecteurs. Mais je n’oublie pas que le nombre de mots est très limité !
Par ailleurs, je contrôle régulièrement le nombre de mots au cours de la rédaction. Comme les différentes parties d’un plan doivent rester équilibrées, il est possible d’attribuer approximativement un certain nombre de mots à chacune et ainsi vérifier qu’elles ne soient ni trop longues ni trop courtes. Attendre la fin de la rédaction pour compter le nombre de mots, c’est vraiment trop risqué ! Il sera difficile de reformuler ou supprimer proprement des phrases sur la copie.
Étape 3 : je révise le texte (de 5 à 10 minutes)
C’est l’étape souvent négligée par les candidats, par manque d’organisation. Il est pourtant indispensable de consacrer au minimum 5 minutes à la révision du texte. Elle demande en effet au moins 3 relectures avec des visées différentes.
3.1. Je contrôle le contenu
Est-ce que ma synthèse contient toutes les idées importantes ? Sont-elles reformulées avec justesse et clarté ? Au niveau C1, vous devez normalement disposer d’un vocabulaire riche et précis, qui vous permet de vous exprimer avec assez d’aisance.
C’est normalement une dernière vérification. En effet, j’ai déjà effectué un contrôle à la phase du plan et tout au long de la rédaction.
3.2. Je vérifie le nombre de mots
C’est le moment de faire le décompte final des mots, selon la règle expliquée dans la consigne. Rappelons que le non-respect du nombre de mots est fortement pénalisé dans le cas d’une synthèse.
J’ai noté le nombre de mots au bas de ma synthèse pour information. Ce ne sera pas nécessaire à l’examen, car les examinateurs devront de toute manière le vérifier !
3.3. Je vérifie la ponctuation, l’orthographe et la grammaire
Au niveau C1, le candidat doit maîtriser la ponctuation et être capable d’orthographier la plupart des mots courants.
Les erreurs de grammaire doivent être rares, le candidat doit savoir construire des phrases complexes et varier les structures.
Modèle de synthèse du DALF C1
Et voici maintenant ma synthèse entièrement rédigée :
Comment lutter contre la glottophobie ? Ce néologisme désigne toute forme de discrimination linguistique. Deux articles parus en 2020 révèlent l’ampleur du phénomène en France, mais montrent également que des solutions existent.
Selon un sondage IFOP, la glottophobie concerne la moitié de la population française, les ouvriers davantage que les cadres. Il révèle également de fortes disparités régionales.
Les accents, considérés comme écarts à la norme linguistique, suscitent des stéréotypes relatifs aux comportements. Il en résulte des moqueries au quotidien et des obstacles à l’embauche, surtout dans les métiers de la communication, où cette discrimination est jugée normale par les employeurs.
Mais d’où provient cette norme linguistique ? Ses causes sont d’abord historiques, puisque c’est la centralisation qui a imposé l’unilinguisme au détriment des langues régionales. Il revenait à la capitale le pouvoir de fixer la norme du bon français.
Désormais, l’uniformisation linguistique est soutenue par les médias audiovisuels qui se font les relais du pouvoir.
Si les stigmatisations restent tenaces, la glottophobie n’est pas inévitable. Les uns s’efforcent de dissimuler leur accent, au risque d’engendrer un mal-être. Une autre solution possible est d’adapter sa prononciation aux différents contextes.
Certaines personnalités, au contraire, choisissent de résister en défendant ouvertement les langues et accents régionaux. Leur promotion pourrait s’en trouver renforcée si le projet de loi du député Christophe Euzet aboutissait. Cette loi mènerait en effet à la pénalisation des discriminations linguistiques.
229 mots
À vous !
Et vous ? Comment feriez-vous ? Il n’y a pas de méthode unique pour la synthèse du DALF C1. C’est à vous d’adopter les techniques qui vous conviennent. Merci de partager vos trucs et vos expériences dans les commentaires.
Et si vous consultiez également le modèle pour un essai argumenté au DALF C1 ?
Et pour une préparation complète, essayez le livre Production écrite DALF C1, où vous trouverez de nombreux sujets de production écrite DALF C1.
Vous préparez aussi la production orale ? Consultez ce modèle pour un exposé du DALF C1.
Cet article vous a plus ? Merci de le partager sur vos réseaux !