Ces expressions idiomatiques de l’accord et du désaccord sont extraites de mon livre Les expressions pour argumenter. Je viens d’en terminer la rédaction et, en attendant la sortie du livre en mai prochain, j’ai souhaité vous en proposer déjà un large extrait.
Dans le livre, vous trouverez l’explication de 200 expressions idiomatiques françaises pour argumenter à l’écrit et à l’oral, du niveau B2 au niveau C2. Autrement dit, ce sont des expressions standard ou formelles (et non familières) que vous pourrez employer dans tout type d’argumentation, comme un essai ou un exposé.
J’ai classé les 200 expressions en 20 fonctions (par exemple exprimer le doute ou l’incertitude) qui couvrent les opérations essentielles d’une argumentation : structurer un discours, présenter des faits, prendre position et débattre.
ce sont des expressions standard ou formelles (et non familières) que vous pourrez employer dans tout type d’argumentation
Voici donc une fonction complète extraite de mon livre : les expressions idiomatiques de l’accord et du désaccord. Pour chacune des fonctions, j’expliquerai le sens de l’expression en général et de chaque mot qui la compose. Ensuite, j’indiquerai l’emploi possible dans une argumentation. Puis, je proposerai un exemple d’illustration. Enfin, des exercices interactifs vous permettront de tester vos connaissances.
10 expressions idiomatiques de l’accord et du désaccord
1. Abonder dans le sens
= Être totalement d’accord avec l’opinion de quelqu’un
Le verbe abonder signifie « parler beaucoup » et le mot sens veut dire ici « manière de penser, opinion ». D’où le sens de notre expression : abonder dans le sens de quelqu’un, c’est être entièrement d’accord avec son opinion.
On emploiera cette expression pour marquer, notamment dans un débat, un accord complet avec l’opinion d’une personne.
Exemple : J’abonde dans votre sens : il faut limiter l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de trois ans.
2. Être sur la même longueur d’onde
= Se comprendre
L’expression vient du domaine de la physique. Le son, par exemple, se diffuse par des ondes, c’est-à-dire un mouvement qui monte, qui descend, qui monte, etc. La longueur d’onde, c’est la distance qui sépare deux valeurs maximales. Être sur la même longueur d’onde, c’est comme être sur la même fréquence radio (mesurée en Hz). Autrement dit, la communication est possible. C’est pourquoi notre expression s’emploie lorsque deux personnes se comprennent bien, qu’elles ont de façon générale les mêmes intérêts et les mêmes idées sur un sujet.
On emploiera cette expression pour marquer un accord général sur un sujet.
Exemple : Je vois que nous sommes sur la même longueur d’ondes concernant la nécessité de réformer l’évaluation à l’école.
3. Suivre sur ce plan
= Être d’accord sur un point particulier
Le plan désigne ici un domaine ou un point de vue. On dit par exemple sur le plan économique… pour introduire des faits qui concernent l’économie. Suivre quelqu’un, c’est prendre la même direction qu’une autre personne. C’est ainsi que notre expression, en précisant qu’il s’agit de ce plan, prend le sens d’« exprimer un accord sur un aspect d’une opinion, sur un argument en particulier ».
On emploiera cette expression pour marquer un accord ou un désaccord sur un argument en particulier, et non pas sur tous les arguments.
Exemple : Lorsque vous affirmez qu’on ne peut pas changer les mentalités des consommateurs, je ne vous suis pas sur ce plan.
4. Accorder ses violons
= Trouver un accord
Il s’agit d’une image qui nous vient de la musique : avant de commencer un concert, les musiciens accordent leurs instruments (par exemple des violons), c’est-à-dire font des essais ensemble, afin de pouvoir jouer en harmonie. C’est ainsi que notre expression a pris le sens de « trouver un accord entre différents partenaires, qui n’ont pas au début le même point de vue, pour agir ensemble. »
On emploiera cette expression pour marquer le besoin de trouver un accord entre des opinions différentes, afin de réaliser un projet en commun.
Exemple : Si les syndicats étudiants n’arrivent pas à accorder leurs violons, la grève risque de durer longtemps.
5. Trouver un terrain d’entente
= Négocier entre deux parties qui s’opposent
Le terrain désigne un espace ou une zone. L’entente signifie le fait de se comprendre. Trouver un espace où on peut se comprendre, c’est dans notre expression « négocier, faire des concessions entre des personnes qui s’opposent en vue de trouver un accord minimal ».
On emploiera cette expression lorsque deux parties opposées négocient un accord, même partiel, pour mettre fin à leur conflit.
Exemple : Les loisirs sont souvent source de conflit entre les parents et les enfants et il n’est pas facile de trouver un terrain d’entente.
6. Ne pas l’entendre de cette oreille
= Ne pas être d’accord avec une proposition ou un projet
L’image est assez facile à comprendre : si on écoute une proposition qui ne plaît pas, on peut l’entendre avec la « mauvaise oreille », celle qui n’est pas d’accord, tandis que l’autre oreille (cette oreille) reste sourde. Notre expression signifie donc « ne pas accepter une proposition ».
Cette expression servira à marquer un désaccord face à une proposition ou un projet qui ne sont pas acceptables.
Exemple : La mairie voudrait abattre une partie de la forêt pour faire passer le tramway, mais les habitants ne l’entendent pas de cette oreille.
7. Chercher la petite bête
= Contredire sur de petits détails sans importance
Il s’agit encore d’une image assez facile à comprendre. Le singe, par exemple, a l’habitude de chercher de petits animaux (des bêtes), comme des poux, sur un autre singe. Ces petites bêtes ne sont pas faciles à trouver et cela demande beaucoup d’application et de concentration. Dans notre expression, la petite bête, c’est un petit défaut, un détail sans importance, notamment dans les arguments d’une personne que l’on essaie tout le temps de contredire, sans raison précise, juste pour le plaisir du conflit.
On emploiera cette expression notamment pour critiquer une personne qui attaque des arguments sur de petits détails sans intérêt, empêchant ainsi la progression et la richesse d’un débat.
Exemple : La transition énergétique nécessite des projets larges et ambitieux, alors ne gaspillons pas notre énergie à chercher la petite bête.
8. S’inscrire en faux contre
= Affirmer que quelque chose est inexacte
L’expression vient du domaine juridique. S’inscrire en faux, c’est d’abord affirmer devant la justice qu’un document fourni par la partie adverse est faux, c’est-à-dire qu’il n’est pas authentique. Puis, notre expression a pris le sens plus général de « contredire une affirmation, parce qu’on l’a juge inexacte ».
On emploiera cette expression pour marquer fortement un désaccord avec un fait ou une affirmation que l’on considère comme contraires à la vérité, généralement en apportant la preuve.
Exemple : Je m’inscris en faux contre l’idée que ChatGPT révolutionne la recherche d’informations : une étude très sérieuse révèle que ses réponses contiennent 40 % d’erreurs.
9. Prendre le contre-pied de
= Affirmer une opinion contraire
Composé de la préposition contre et du nom pied, le mot contre-pied désigne d’abord la direction contraire, le sens inverse de la marche. Notre expression emploie cette idée de « contraire » dans le domaine des opinions. Prendre le contre-pied d’un argument ou d’une personne, c’est exprimer une opposition en affirmant exactement le contraire.
On emploiera cette expression lorsqu’une personne marque son désaccord en affirmant le contraire d’une opinion.
Exemple : Si l’adolescent prend souvent le contre-pied de ses parents, c’est dans le but d’affirmer sa personnalité.
10. Battre en brèche
= Attaquer vivement une opinion
Dans le domaine militaire autrefois, battre signifiait frapper de manière répétée avec des coups de canon pour faire une brèche, c’est-à-dire une ouverture dans le mur d’un château. Puis, notre expression a pris le sens « d’attaquer avec violence et de manière répétée l’opinion de quelqu’un. »
On emploiera cette expression pour décrire une attaque énergique et systématique contre les arguments ou les opinions de quelqu’un.
Exemple : La croyance selon laquelle tous les élèves ont les mêmes chances de réussite à l’école est battue en brèche par de nombreux sociologues.
Test des expressions idiomatiques de l’accord et du désaccord
Maîtrisez-vous à présent ces expressions idiomatiques de l’accord et du désaccord ? Testez vos connaissances avec les 10 exercices suivants.
À vous !
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